Froidure
du 10/18 au 03/19 et plus si affinités
Paris à l’aube de l’hiver, une promenade nostalgique et nocturne, bras dessus, bras dessous sur le fil du souvenir le long du boulevard Montparnasse, entre la phosphorescence des enseignes a rebours du temps et notre bruine métaphysique, la Coupole nous surprend en plein spleen et nous illumine comme le sourire d’une jeune fille dans le froid naissant de novembre.
Les figures tutélaires sont toujours là et elles nous observent en noir et blanc dans leur cadre strict réchauffé de notre connivence. À nouveau sur les genoux de Braque, voisin de table de Gainsbourg ou copain de comptoir de Becquett, on se réjoui du ballet des chefs de rangs et de la course en noir et blanc des serveurs en livrée tous impeccable. On se régale de ces œufs en meurettes au jus épais et croûtons de lard, on fond avec les ravioles au homard dont le roux gouache l’assiette que l’on pompe au pain, on salive à la blancheur pointilliste de cette raie a la bordelaise, on se réchauffe à la flambée d’une crêpe Suzette généreuse et nostalgique.
Ce n’est toujours pas un gastro et c’est tant mieux. Entre bouillon chic et lieu d’habitudes, sans tics tordus ou tatouages velus sur bras de chemises remontées, sans fadaises de double services à l’emporte pièces, nous coulons dans le temps et mangeons pleine dents dans la tranquillité d’un soir de froidure parisienne, le boulevard parnasse en perspective.