Los Angeles est à Lyon, Lyon est à 26 heures de vélo de Paris, et Paris est à 12 heures d’avion de L.A. Lyon a certes moins d’un follicule en commun avec L.A. et pourtant, si le Rhône devait se tarir et s’assécher sous les coups de boutoir des déjections pétrochimiques environnantes, si par la seule force d’un esprit malade il devait se vider et les berges se transformer en chenal crade et bétonné, charriant filets putrides ou idées noires, avilissant les rives et scindant la ville en autant de quartiers iconiques mais invisibles à l’instar de Burbank, Compton ou Glendale, Lyon pourrait avoir cet air ahuri d’un ivrogne en costard maculé de sang sous le cagnard, l’haleine chargée d’amphèts, la peau d’orange grêlé par les sels bitumineux et les UV…
Mais bon, L.A. est à Lyon et l’inverse ne sera jamais envisageable. Alors regardons Lyon comme la deuxième ville de France, l’une des plus excitantes culturellement (tout du moins 3 fois dans l’année avec le festival Louis Lumière et les Quais du polar) grâce à cette initiative du MAC faisant de L.A. la toile de fond d’une œuvre globale, à l’urbanité désespérée, changeante et forcément fatale.
Le mythe par tous les bouts du conte, maudit, pictural ou scénographique, ou souvent la réalité supplante la fiction, ou l’or est un métal irrémédiablement corrosif et l’eau absente du paysage pour mieux remplir les piscines d’Hockney, allonger les picrates d’orge distillé de Bukowski ou finir par des tintements glacés lors de cocktails de fin du monde dans la vallée de San Fernando. Didion, Don Carpenter, Rusha, bell, Irwin, Fante, Chandler, Anger, Ellis, Bunker, Pete Dexter, Abbott, Friedkin, Cléopatra Jones, Divine, Baldessari, Hockney, auteurs, artistes ou personnages de fictions, elle est leur abîme, leur bande son, leur muse, leur affaire, leur rêve peroxydé, leur crabe, leur matrone, leur dramaturgie, leur addiction, le siphon du bassin et le bleu de l’âme. Nous on y va !
Downtown Lyon
du 08/03/2017 au 09/07/2017
MAC de Lyon